Mon histoire

Mon entreprise n'est pas le fruit du hasard, elle est le sens que je donne à mon histoire.
Karine
J’ai si longtemps approché le deuil en tant qu’ ennemi, je désire maintenant travailler à ses côtés, telle une alliée!
Tout d'abord, je me dois de vous raconter l’histoire et le cheminement qui me mène jusqu’à vous. Vous comprendrez que mon entreprise n'est pas fruit du hasard. La vie ayant tracé un lien étroit entre mon histoire et la mort, je suis aujourd'hui animée par le besoin viscéral d'aider les gens à mieux vivre leurs deuils. Mon but ultime est de transmettre l'outillage dont j'aurais souhaité pouvoir bénéficier durant les 25 premières années de mon existence.
Vingt années marquées par des résistances auront été nécessaires afin de réaliser que le deuil n’est pas un ennemi à combattre, mais un état à apprivoiser. À 20 ans, j’avais déjà été confrontée à plus d'une douzaine de deuils dans ma famille directe : accidents, maladies, suicides, erreur médicale, cancers, etc.
À ma naissance, mon papa alors âgé de 24 ans, était atteint de la maladie d'Hodgkin. Du haut de ses 21 ans, ma mère Lisette, une maman aidante, aimante et dévouée, m’enseignait sans le savoir, l’altruisme et l’accompagnement en fin de vie.
J'avais seulement un an et demi lors du décès de mon père et malgré cela, je sais que ce modèle de partages est au cœur de mon besoin de transmettre cet enseignement.
Plus tard, ma mère rencontra Alain. Cet homme sécurisant deviendra ma deuxième présence paternelle durant six ans. Au printemps 1985, Alain et mon oncle sont portés disparus à la suite d'un accident de bateau. Au mois de mai 1985, c'était l'hiver dans la maison. Dans les mois qui suivirent les longues recherches, mon cousin Simon, fils de mon oncle recherché, meurt accidentellement. Vous me suivez toujours ?
Ces tragiques événements constituent la première période de bouleversements au cours de laquelle je suis entrée en contact avec des émotions démesurées. Saisies par cette onde de choc à 8 ans, avec une mère de 29 ans triplement secouée, je ne comprenais pas tout, mais mes cellules savaient qu' un autre drame était survenu. Quand je repense à ces moments, des sensations physiques continuent de m’envahir. Ma mémoire garde présente, mais cachée dans un tiroir, les secousses de la nouvelle, les impressions de ne rien comprendre. Toutefois, de ces épreuves, éclosent ma sensibilité et mon empathie. Je comprends aujourd’hui, que ces souvenirs me permettent d' intervenir avec humilité lors de situations de crise et ainsi demeurer sensible à la désorganisation qui s’ en suit.
Très jeune je savais que la vie n'était pas acquise, qu'elle était empreinte d’une grande fragilité. La mort pouvait surgir et emporter n' importe qui, mais certainement pas ma mère. Elle me l' avait promis !
Vous imaginez la suite...
En 1995, dix années suivant le décès de mon père Alain, ma mère apprenait à 38 ans, qu'elle était atteinte d'un cancer en phase terminale. Pronostic : 2 mois. À ce moment précis, le 14 février 1995, tout bascule. Je ne serai plus jamais la même. À 17 ans, l'enfant unique en urgence de vivre, devient une femme seule, en survie !
La lucidité injectée comme une dose de morphine m'imprègne, car à cet âge, je comprends désormais TOUT! Heureusement, la créativité m’habite. Certains me qualifieront de rêveuse... C’est pourtant l'héritage qui me sera le plus précieux, celui me permettant de recréer ma route et de reconstruire, à ma façon, ce que je deviendrai... Je reconnais maintenant que ces expériences, aussi tragiques puissent telles être, m’ ont permis de garnir mon coffre à outils dont j’ ai maintenant besoin pour mieux accompagner à mon tour.
Qu'est-ce qui me pousse à vous raconter tout cela? Cette histoire est la mienne. Elle exprime mon désir de servir la communauté. Tous ces couplets de ma vie, qui sonnent parfois comme d’éternels refrains, m'ont amené de toucher et comprendre les différentes formes du deuil, d'accompagner dans la mort, de cheminer à travers l'épreuve, de faire des erreurs, de me perdre de me retrouver et d'apprécier autrement. C’est avec humilité que je reconnais que ce parcours me rend capable de transmettre l'espoir. L'espoir comme moteur de motivation et de guérison.
Je parle souvent de donner un sens aux épreuves qui ponctuent notre vie. L'entreprise que j' ai créée représente la plus grande recherche de sens à ma vie et à mon histoire! Ma mère m'a dit à ses derniers moments : «Karine, si de perdre ta mère te permet de comprendre et d'aider une amie, ce sera beaucoup». Cette phrase reçue sans comprendre a mûrie en moi pour m'apporter cette réponse : «Si je dois aider à la grandeur de ma souffrance, je devrai aider chaque jour durant le reste de ma vie». Vingt ans plus tard, ce qu' elle a semé prend vie.
Je vous assure que si j' ai réussi à transformer mes souffrances en cadeau, tout le monde peut y arriver, TOUT LE MONDE !
Plus que tout, je désire informer, afin de briser les tabous et offrir aux gens la possibilité de sortir de leur isolement. Car oui, en 2018, tout ce qui concerne la mort demeure toujours, un des grands tabous de notre société. C'est pourtant, la seule épreuve à laquelle nous serons tous confrontées et ce, plus d'une fois au cours de notre vie.